Origine du nom
«Morrens» qui est cité à partir de 1147 serait probablement dérivé, par le suffixe«ing» du nom d’homme romain et germanique Maurus ou Moro. De l’avis des historiens, l’origine morasse (vielle masure, reste de pierres ou marais, fondrière) ne devrait pas être retenu même si la pierre affleure au centre du village et si les terrains marécageux sont nombreux dans la localité.
Histoire
Au-dessous du signal de Morrens, à droite de la route par laquelle on descend à Cheseaux, sur le territoire des lieux dits Cologny, Montagny et le Buy, il a existé une localité gallo-romaine dont on a fouillé les traces de 1876 à 1893 pour faciliter le passage de là. A l’époque, Jules Mellet a constaté l’existence de fondations de plusieurs maisons et dépendances, entre autres d’un four à cuire la poterie et de fragments de peintures murales bien conservées. Un grand nombre d’objets furent recueillis en particulier deux vases intéressants. L’un en terre rouge de 27 cm de hauteur et 20 cm de diamètre décoré de motifs représentant l’abondance, Hercule et le Laocoon. L’autre de terre brune, légèrement plus petit est orné de reliefs représentant des scènes de chasse.
On trouva également des objets en fer: cisaille, clochettes, fer de flèche, fer à cheval, couteaux, etc. et en bronze : fibules, poignées, patères, plat ovale, monnaie d’ Auguste, de claude et de Marc Aurèle ainsi qu’un grand nombre d’objets en terre et des fragments de vases, deux colonnes et une belle mosaïque furent mises au jour. D’autres fouilles ont été entreprises par la suite qui ont permis de découvrir le long du tracé d’une ancienne route romaine, une hache de l’époque de Hallstat (huit siècles avant Jésus-Christ). Il existe également sur le territoire de la commune quelques tumulis dont un a été fouillé. Lors des guerres de Bourgogne l’armée de Charles-le-Téméraire, marchant de Lausanne à Morat, campa sur le territoire de Morrens, du 27 mai au 4 juin 1476.
Au commencement du XVe siècle, François de Russin était seigneur de Morrens sous la mouvance de l’évêque de Lausanne. Une branche genevoise de la famille Russin eut une importance plus considérable que la branche vaudoise. En 1535, l’évêque Sébastien de Montfalcon inféoda la seigneurie à son maître monnayeur, Jean Réa, avec la juridiction sans droit de glaive. En 1594, Gabriel Raphaël, fils de Jean Réal vendit la seigneurie à Daniel de Saussure, dont les descendants la gardèrent jusqu’à la Révolution. Après la Révolution et le départ des autorités bernoises, Morrens, commune vaudoise a été rattachée au district d’Echallens.
Paroisse
L’église de Morrens, citée dès 1228 dans le cartulaire de l’évêché de Lausanne, dépendait du Chapitre de Lausanne avant la réformation et c’était généralement un chanoine ou un chapelain de la cathédrale qui en était pourvu. Son revenu était de 12 livres en 1453 et il y avait 13 feux dans la paroisse. Morrens et Montheron furent réunis pour former une paroisse protestante le 19 décembre 1538. Le premier pasteur fut un moine converti F. Antoine Guillard En 1542 les biens de cette cure furent estimés à 260 florins.
Personnage historique
Fils de François-Daniel Davel, pasteur à Morrens de 1658 à 1676, Jean-Daniel Abraham Davel naquit à la cure du village et fut baptisé, par son père, au temple de Morrens, le 20 octobre 1670.
Le Major Davel, notaire de son état, est une figure emblématique de l’histoire vaudoise. Le 1er avril 1723, à la tête de trois compagnies d’infanterie et de dragons de Lavaux dont il a le commandement, il se rend à Lausanne avec l’intention de renverser l’autorité bernoise. Avec une certaine naïveté, il croit pouvoir compter sur les autorités du chef-lieu qui, après avoir feint d’entrer dans ses vues, envoient un messager à Berne et le font arrêter pour crime de haute trahison.
Soumis à la question, il fut jugé par un tribunal lausannois, condamné à avoir la tête tranchée et exécuté, le 24 avril 1723 après avoir prononcé, sur l’échafaud de Vidy, un discours dont le texte a été conservé et qui commence par cette phrase : « C’est ici le plus beau jour de ma vie… ».
Précurseur incompris et solitaire (torturé à plusieurs reprises, il a toujours affirmé ne pas avoir eu de complices) il est mort pour une indépendance vaudoise que personne, à cette époque, ne semblait souhaiter ! C’est un personnage étrange, mystique, assurément très courageux, qui a agi sous l’impulsion de sentiments sur la nature desquels, aujourd’hui encore, on peut s’interroger.
Une plaque de marbre placée le 14 avril 1903 sur la façade de la cure de Morrens invite à se souvenir de son sacrifice inutile. Le trois centième anniversaire de sa naissance a été célébré avec éclat à Morrens le premier dimanche du mois de septembre 1970. Une inscription à l’intérieur du temple commémore cet événement.
Armoiries
Armoiries de MorrensTaillé d’or et à l’ours naissant de sable, lampassé de gueules et d’un bandé d’or et de sable », description reprise de l’Armorial des communes vaudoises.
Comme la plupart des petites communes vaudoises, Morrens n’avait pas d’armoiries avant 1927. Ces armoiries, dont la partie inférieure est reprise aux armes de Saussure, ont été adoptées en 1927 seulement. L’ours fait allusion au surnom des habitants. En effet, un habitant de Morrens, qui avait abusé du jus de la treille, serait arrivé en courant à Cugy en disant qu’il était poursuivi par un ours, lequel était en réalité un gros chien jaune. Dès lors, par dérision, les gens de Morrens furent surnommés les ours.
Sources: archives cantonale et communale, dictionnaire historique vaudois et divers ouvrages épars. Synthèse réalisée par Jean-Pierre Maillard, archiviste communal.